Javier Arcenillas e Emilio Muñoz Blanco (ex-aequo 2009)

Javier Arcenillas (Espagne) pour la série
« HeadWorkers »

Javier Arcenillas, photographe souvent primé en Espagne, aujourd’hui récompensé par le Prix Chambi 2009, a toutes les qualités du reporter. Sa série, intitulée « HeadWorkers » a la force de l’observation juste et du témoignage. Ce professionnel a beaucoup voyagé de par le monde. Plusieurs de ses grands reportages se sont effectués dans la zone caribéenne (« Territorios »), dans toute l’Afrique du nord et surtout en Inde, où il a radiographié ce qu’il a nommé « la multinacional de la caridad », laissant deviner, par ses photographies crues de la misère, dans les léproseries ou les centres de charité, l’immense fossé qui de toutes façons ne sera jamais comblé entre ces sociétés et les nôtres. Arcenillas est aussi un spécialiste du portrait. Beaucoup de personnalités culturelles du monde hispanique ont fait les bonnes pages des magazines pour lesquels il travaille. Appliquant ses « recettes » talentueuses du portrait à une population indienne très pauvre, à des travailleurs exploités dont le seul moyen de transporter des charges est leurs têtes, il nous fait observer que ce qui pourrait nous paraître gentiment exotique ou une tradition locale est, depuis toujours, un moyen de survie. Ce sujet, jamais traité de cette manière, en  recensement, est aussi le résultat d’une longue immersion dans ce milieu de la rue et de la misère, et de sa philosophie de photo journaliste, qu’il résume en la phrase: « s’il y a quelque chose que doit retenir une photo, c’est l’Humanité de l’instant ».

ex-æquo avec
Emilio Muñoz Blanco (Espagne) pour la série « Cities »

Il est troublant de voir ces photographies aux tons d’acier réalisées par Emilio Muñoz Blanco. Troublant parce qu’elles nous posent la question du procédé de prises de vues, ce qui est toujours un questionnement inévitable lorsqu’une photographie nous surprend par

son apparence ou par son sujet. Ici, on le sait, il s’agit de matériaux recyclées, compressés peut-être et rassemblés dans une décharge. La photographie est-elle aussi recyclée? C’est à dire provient-elle directement de l’acte photographique ou est-elle « post produite »

par une manipulation du cliché via des logiciels de retouches? A vrai dire, aujourd’hui comme au début de la photographie, ce côté technologique a une importance relative, les voies de l’interprétation du réel sont nombreuses et la technique en fait partie. Mais le

plus troublant est que ces photographies futuristes nous ramènent à l’oeuvre de Martin Chambi : dans cette série de l’espagnol Muñoz Blanco, intitulée « Cities », comment ne pas y voir une ressemblance avec ces pierres du Pérou, massives, dressées en murs et en

murailles dans Cuzco , relatées en 1930 par le célèbre photographe péruvien ? Ainsi, quelle que soit l’inspiration ou la méthode, on pourra voir dans « Cities » un hommage à Martín Chambi et un Prix 2009 évident.

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