Stratégies de placement de la terminologie
dans la formation de spécialistes
M. Teresa Cabré
Mercè Lorente
Institut Universitari de Lingüística Aplicada, Univesitat Pompeu Fabra - Barcelona

0. L'objectif que nous voulons atteindre avec cette communication est double : d'abord, nous parlerons de la nécessité de former directement en terminologie plusieurs collectivités professionnelles pour nous demander ensuite si la formation de terminologues est nécessaire dans le cadre d'une entreprise ; enfin, nous présenterons les voies de formation indirecte des spécialistes qui font de la terminologie dans leur domaine de spécialité.

1. Les aspects communs de la terminologie aujourd'hui

Quand on présente la situation de la terminologie et ses pratiques dans la société actuelle, certains clichés réapparaissent sans aucune variation.

a) Le premier est fondé sur le fait que nous sommes dans ce qu'on appelle la société de l'information. Cette étiquette couvre plusieurs aspects reliés entre eux : le marché commun, le village culturel, l'omniprésence de l'information, la croissance accélérée de l'information et, notamment, sa diffusion, les nouvelles technologies, etc.

Dans cette société de l'information, et précisément avec la défense de la mondialisation, on trouve une demande de plus en plus étendue (surtout après la disparition des empires coloniaux) du droit à la préservation de l'identité comme symbole d'écologie sociale. C'est pour cette raison que les parties adoptent des critères, arguments, ressources et politiques visant à soutenir cette préservation, sans oublier leur désir d'appartenir au village global. La question qui se pose alors est de savoir comment il faut combiner ces deux désirs apparemment contradictoires.

b) Le deuxième cliché que l'on trouve souvent est que la terminologie est nécessaire pour les langues et pour la communication parce que, d'un côté, la terminologie intègre le lexique d'une langue, et il n'existe aucune langue sans lexique ; et, de l'autre côté, parce que certains types de communication, surtout la communication spécialisée, ne peuvent pas avoir lieu à l'écart de la terminologie. Les spécialités ont besoin d'un lexique particulier, solide et bien établi dans leurs limites conceptuelles. Par conséquent, toutes les langues doivent avoir une terminologie si elles veulent participer à la communication spécialisée. De plus, s'il y a une volonté de mettre en commun la communication entre communautés et individus de langues différentes, il faut disposer de dénominations communes ou suffisamment contrôlées qui assurent l'équivalence d'une langue à une autre.

c) Troisièmement, on accepte que, sans une terminologie standardisée, l'on ne puisse pas réussir une communication entre spécialistes mais que, bien au contraire, elle devient chaotique, et sans qualité. Ainsi, il faut avoir une terminologie standard et l'utiliser dans la communication spécialisée.

d) Enfin, étant donné les besoins terminologiques de la communication spécialisée dans la société de l'information, on a défendu la nécessité de former des terminologues capables de réussir dans le travail terminologique.

Il semble qu'on est assez d'accord sur les trois premiers points mais, en ce qui concerne le dernier, les points de vue sont très divers :

  • pour certains, la terminologie doit être faite par des terminologues professionnels, formés directement et spécifiquement pour mener exclusivement des tâches terminologiques ;
  • pour d'autres, ce sont les différents collectifs concernés par la terminologie (traducteurs, rédacteurs, documentalistes ou les spécialistes eux-mêmes) qui devraient être chargés de réaliser directement le travail terminographique propre à leurs activités.

Qui doit donc devenir professionnel de la terminologie ? Et quelles sont les tâches qu'il doit accomplir ?

 

2. La diversité de la communication spécialisée

Pour répondre à ces deux questions, il faut d'emblée préciser que la communication spécialisée n'est pas uniforme, mais qu'elle peut plutôt changer sur la base des paramètres suivants :

a) les destinataires de la communication

b) la fonction ou les fonctions communicatives envisagées

c) la voix de l'émetteur

d) les langues en jeu

e) le consensus volontaire sur la réalité et ses dénominations

En ce qui concerne le destinataire, et selon le type d'information qu'il partage avec l'émetteur, trois situations sont possibles :

a) situations de communication entre spécialistes d'une même langue ;

b) situations de communication entre spécialistes et étudiants qui seront prochainement des spécialistes ;

c) situations de communication entre des spécialistes et un public plus large, quand ils divulguent leurs idées en dehors des cercles restreints de la spécialité.

Par la fonction, on peut constater que, bien que le discours spécialisé soit essentiellement référentiel, il se fragmente en différents types selon l'objectif à atteindre : informer, enseigner, argumenter, évaluer, classer, etc.

Par la voix du texte, on se rend compte qu'elle peut être directe, quand c'est le spécialiste qui produit et articule le message directement à son destinataire ; et intermédiaire ou médiatrice, quand elle est dédoublée dans la voix d'un traducteur, interprète ou journaliste divulgateur. Dans la deuxième situation, le spécialiste perd le contrôle sur ce qu'il dit, à moins qu'il relise le texte produit par le médiateur.

Par les langues, on trouve des situations de communication unilingue et plurilingue, faites directement ou à travers un médiateur interlinguistique (traducteur ou interprète). Et, dans les situations de communication unilingue, il y a des situations naturelles (les interlocuteurs utilisent leur propre langue) et non naturelles (les interlocuteurs adoptent, tous les deux ou seulement l'un d'entre eux, une langue qui a été apprise).

Finalement, dans la communication spécialisée, on peut ou non trouver un consensus volontaire préexistant entre les interlocuteurs en ce qui concerne la standardisation conceptuelle et dénominative unilingue ou plurilingue.

 

3. Scénarios communicatifs et discrimination terminologique

Les paramètres antérieurs nous laissent établir des scénarios différents qui nous amènent à réfléchir sur la conception et l'approche terminologiques qui semblent les plus adéquates pour chaque situation de communication :

a) Dans le cadre de la communication internationale volontairement unificatrice, la terminologie doit être normalisée. Dans cette unification, la normalisation du concept est absolument nécessaire, et elle est antérieure à la normalisation dénominative dans chacune des langues concernées. De plus, dans ce type de scénario, la normalisation doit avancer vers l'uniformisation, vers l'unification dans son sens littéral de "réduction à un". Il s'agit du domaine propre des commissions internationales et nationales de normalisation, et du discours hautement spécialisé propre aux spécialistes, ou rattaché à certains domaines très précis.

b) Dans le cadre de la communication naturelle entre spécialistes ou de la formation des spécialistes, les ressources utilisées sont plus diverses, et la terminologie apparaît diversifiée ou même nuancée au niveau conceptuel et dénominatif, mais aussi, étant donné qu'elle est dans le discours, différente selon les caractéristiques (objectifs et niveau de spécialité) de ce discours là.

c) Dans le cadre de la communication semi-spécialisée propre aux activités non strictement technico-scientifiques, la situation est encore plus complexe et diversifiée. Les producteurs de discours (agriculteurs, marchands, consommateurs, etc.) ne contrôlent pas l'usage dénominatif et ignorent très souvent les formes standardisées des dénominations.

La situation de la communication dans une entreprise intègre ces trois scénarios. Par exemple :

a) un scénario d'exportation-importation de produits, ou à la documentation de ces produits à exporter ; dans ce scénario, on a besoin d'une terminologie standard ;

b) la situation de communication entre cadres et employés, ou à la documentation d'entreprise pour l'usage interne ; dans ce deuxième cas, la terminologie est beaucoup plus diverse ;

c) les communications informelles des cadres entre eux, dans lesquelles le contrôle de l'usage des termes est presque inexistant.

 

4. Les besoins terminologiques dans le cadre d'une entreprise

A tous les niveaux, l'importance de la communication implique, de la part des organismes, une planification et gestion des langues de communication aussi bien pour les circuits internes de l'entreprise que pour établir des relations avec l'extérieur.

Les conséquences linguistiques du processus de développement de la société actuelle sont évidentes : de nouveaux besoins communicatifs qu'il faut couvrir en dépassant les barrières linguistiques apparaissent, car il est nécessaire de communiquer progressivement avec un nombre croissant de pays de langues différentes. Et, pour atteindre cet objectif, on peut décider d'unifier la langue de relation, fondamentalement dans quelques domaines et pour certains usages. Cependant, cette approche implique de renoncer à l'usage de la langue propre ; on peut aussi utiliser la langue propre grâce aux aides humaines et techniques qui médiatisent la communication.

En plus de la sélection des langues, les besoins dérivés du changement social impliquent aussi de la part des organismes une diversification interne de leurs codes linguistiques à travers l'élaboration de sous-codes pour les différentes situations communicatives, et la fixation de standards terminologiques suffisamment stables pour devenir le point de référence dans certaines communications : les communications formelles internes et les transactions internationales.

Les services linguistiques d'entreprises ou organismes publics, conçus comme des centres de gestion communicative, peuvent fournir une réponse cohérente à tous ces besoins dans des sociétés qui ont une langue en voie de normalisation, et dans celles qui ont des langues complètement normalisées. Le médiateur communicatif, placé ou non dans un service de gestion linguistique, couvre professionnellement ce champ de travail.

Dans le domaine de la gestion communicative, on inclut des activités comme la traduction de documents (non seulement de la langue propre vers d'autres langues, mais aussi des langues foraines vers la langue propre), la rédaction et supervision de textes (avec la post-édition de traductions automatiques), le dessin et la normalisation documentaire, l'élaboration des standards dénominatifs et l'élaboration de lexiques, glossaires terminologiques et inventaires phraséologiques.

Toutes les langues, celles minorées mais aussi les langues majoritaires, ont besoin de professionnels qui travaillent pour la modernisation permanente de leurs lexiques de spécialité, l'adaptation de leurs ressources et modèles aux nouvelles technologies, et la standardisation des formes coexistantes pour favoriser une communication sans interférences ni ambiguïtés. Les organismes qui utilisent ces langues ont besoin de professionnels, médiateurs linguistiques, qui rendent plus facile la communication internationale dans plusieurs langues.

 

5. La gestion communicative, a-t-elle besoin des terminologues?

Il semble évident que chaque entreprise veut avoir sa terminologie standard bien établie, indépendamment des usages spontanés et divers que l'on trouve dans leurs communications habituelles. Pour établir cette terminologie standard, ils se servent de professionnels experts en terminologie.

Cependant, bien que dans quelques types de standardisation et constitution de ressources terminographiques, il semble utile d'incorporer des terminologues professionnels spécifiques, il y a aussi d'autres nécessités terminologiques dérivées d'autres tâches de la gestion linguistique où la terminologie n'est pas toujours une fin en soi sinon qu'elle devient un moyen pour résoudre les problèmes liés à la rédaction, traduction ou description documentaire. C'est pour cette raison que l'entreprise utilise des traducteurs et des documentalistes. Comment faut-il donc couvrir les tâches terminologiques dans une entreprise ?

La gestion des langues nécessite sans doute un travail terminologique de repérage et de normalisation du lexique spécialisé, mais aussi d'actualisation du vocabulaire technique. Les traducteurs d'une entreprise ont besoin d'une terminologie fiable pour produire leur documentation. La stabilité de cette terminologie est un des éléments qui contribue à améliorer l'image de qualité d'un organisme.

Pourtant, il est évident qu'il faut travailler en terminologie dans une entreprise parce que toutes les activités linguistiques demandent un inventaire de termes. Mais malgré cette situation, l'entreprise n'a pas recours à des terminologues. Pourquoi ?

En fait, une analyse de la situation actuelle montre que la résolution de la terminologie dans l'entreprise peut être couverte par deux voies différentes :

a) avec des professionnels spécifiques dédiés seulement à la terminologie (concentration du travail terminologique) ou

b) avec plusieurs collectifs professionnels : traducteurs, rédacteurs, documentalistes, ingénieurs de la connaissance et, spécialistes d'un organisme ayant reçu une formation supplémentaire en terminologie (distribution du travail terminologique).

La première est peu répandue parmi les organismes. Seules les organisations internationales ou les grandes entreprises multinationales qui ont d'importants services de traduction, ont des terminologues exclusivement chargés d'élaborer des vocabulaires pour faciliter le travail du traducteur. Dans les organismes internationaux, les grandes multinationales et les centres de terminologie institutionnels rattachés aux gouvernements, la plupart des entreprises ont des services de terminologie partagés avec des services de traduction, documentation, organisation de formation ou services informatiques afin que leurs activités soient rentables.

L'explication est assez simple. La terminologie, contrairement à la traduction, n'a pas un caractère finaliste. La terminologie, conçue comme une liste d'unités spécialisées dans un domaine de communication scientifico-professionnelle, général ou particulier d'un organisme, n'est pas per se un produit final de communication, mais seulement un moyen pour accomplir d'autres activités à caractère linguistique. Un glossaire d'unités terminologiques n'est un produit finaliste que quand il acquiert un caractère représentatif symbolique, soit comme étant un reflet de la structuration du contenu de la matière, soit comme étant un témoin du fait qu'un domaine de connaissance ou une langue particulière ont de la terminologie disponible.

C'est pour cette raison qu'il n'y a guère d'organismes privés qui dispose d'un corps de terminologues facilitant le travail des traducteurs. Ce sont plutôt les traducteurs eux-mêmes qui font les glossaires et ressoudent la terminologie des textes qu'ils traduisent. Pour changer cette situation, il serait nécessaire de démontrer explicitement que, pour un organisme, une distribution du travail entre les terminologues et les traducteurs est plus rentable que de demander aux traducteurs de résoudre tout le processus de travail.

Par contre, la majorité des organismes partagent le travail terminologique entre les différents professionnels dédiés à plusieurs types de tâches linguistiques.

 

6. La formation de spécialistes

A partir de la situation que l'on vient de décrire, on dirait que le plus rentable pour une entreprise est d'avoir un personnel polyvalent, suffisamment capable et habile pour atteindre, avec une certaine flexibilité, toutes les tâches reliées aux besoins communicatifs internes et externes, même celles qui sont vraiment terminologiques.

Et c'est dans ce cadre que l'on se demande comment il faut former, de manière adéquate, ce type de professionnels.

D'abord, il est nécessaire de distinguer les professionnels ayant suivi une formation linguistique supérieure et travaillant dans une entreprise, et ceux ayant reçu une formation supérieure dans plusieurs domaines, souvent reliés aux activités de l'entreprise (ingénieurs, biologistes, chimistes, économistes, etc.).

6.1. Formation linguistique, adaptation spécialisée

Le premier collectif est fréquemment représenté par des spécialistes en traduction ou en langues étrangères. Leur formation est une formation linguistique, qui inclut ou peut inclure les discours spécialisés et la terminologie propre à ces discours. Former ces collectifs en terminologie implique de faire appel à leurs connaissances linguistiques et de mettre en rapport la terminologie avec le lexique, la grammaire et les productions textuelles. Aujourd'hui, la formation dans n'importe quelle discipline de la linguistique appliquée implique souvent la formation à l'usage des produits et outils offerts par l'ingénierie linguistique pour faciliter l'accès à l'information et aux ressources nécessaires pour la gestion linguistique. De toute façon, la formation en terminologie dans un cadre de formation en linguistique appliquée est une formation directe, parce qu'elle est née de la nécessité de résoudre des problèmes de traduction, de rédaction technique ou d'aménagement linguistique.

L'incorporation dans une entreprise d'un traducteur ayant suivi cette formation linguistique comporte nécessairement un processus d'adaptation ou, si l'on préfère, un processus de spécialisation, qui consiste à l'acquisition progressive des connaissances sur le sujet spécialisé de l'entreprise et sur les aspects linguistiques et communicatifs propres au chantier de travail. La terminologie et la phraséologie utilisées dans les textes qui circulent dans une entreprise sont une partie essentielle du processus d'adaptation. De plus, ce processus s'avère plus facile quand les traducteurs ont, en plus des connaissances linguistiques, quelques habilités rattachées aux industries de la langue et aux méthodes orientées vers le travail documentaire et terminologique.

6.2. La formation de spécialistes en terminologie

Mais, à côté des professionnels de la linguistique et de la traduction, il y a aussi un deuxième groupe de professionnels, formés dans une spécialité, qui se sont professionnalisés comme rédacteurs techniques ou traducteurs. Ces spécialistes ont des connaissances sur la langue, mais ils ont surtout suivi une formation supérieure dans certains domaines de la science ou de la technique (chimie, biologie, ingénieurs, etc.). Fréquemment, leur spécialisation coïncide avec celle du secteur pour lequel ils offrent des services linguistiques ; il s'agit de professionnels devenus traducteurs ou rédacteurs dans leur propre spécialité.

Ils ont naturellement acquis la terminologie au cours de la formation sur leur spécialisation, étant donné que la terminologie ne peut pas être isolée de la connaissance spécialisée. Les spécialistes sont des usagers directs et, souvent, des créateurs de terminologie. Malgré le fait que certains de ces professionnels vont s'occuper de quelques tâches de rédaction technique ou de traduction, ou ils vont se concentrer à apprendre leur spécialisation, fait qui va les amener a traiter la terminologie et les textes spécialisés comme l'objet cible de leur travail, ils ne sont pas intéressés par une formation directe en terminologie car pour eux, il s'agit d'un moyen pour transmettre leurs connaissances ou leurs expériences professionnelles mais non d'une question de traduction. Dans ce contexte là, la défense de la terminologie comme une matière de formation directe, nucléaire et autonome dans les curricula de nombreux collectifs est condamnée à l'échec.

Comment faut-il, donc, former les spécialistes afin qu'ils puissent s'intégrer dans un service linguistique et se consacrer aux tâches linguistiques, comprenant des tâches terminologiques? Quelles sont les stratégies les plus adéquates pour fournir une information terminologique dans le cadre de leur propre formation ? Quelles sont les orientations de formation qui laissent introduire une formation terminologique indirecte dans leurs spécialités ?

Nous proposons trois voies d'action adéquates :

a) La voie des langues avec des finalités spécifiques

Il existe des programmes de formation spécialisés qui incluent la formation en langues avec des finalités spécifiques. Dans ce sens, on trouve des éléments communs, dans certains cas tellement éloignés, tels que l'enseignement de la langue anglaise considérée comme la langue de la communication scientifique internationale ou, encore, l'enseignement de plusieurs langues minorisées sur leur propre territoire (le catalan, dans des situations d'aménagement linguistique pour arriver à la normalisation). Ce type de formation peut être dispensé dans une langue étrangère ou dans une langue minorisée mais ne comporte pas nécessairement une formation en terminologie spécifique. Cependant, il est évident que la méthode didactique de la langue adressée communicativement favorise le travail direct avec des textes professionnels, fait qui implique le traitement de genres, styles, phraséologie et terminologie particulières.

La formation en terminologie propre à cette approche concerne la terminologie en contexte, avec une référence explicite à quelques questions comme, par exemple, les types de variation terminologique, les problèmes d'équivalence sémantique ou dénominative entre les langues, la phraséologie spécialisée, les collocations ou restrictions de combinaison terminologique, les restrictions pragmatiques, etc.

b) La voie de l'accès et le repérage de l'information

Dans la société actuelle, les programmes académiques ne peuvent pas oublier l'habilitation de leurs futures professions dans les technologies qui vont favoriser leur développement. Les professionnels doivent être des usagers qualifiés d'Internet pour accéder à l'information la plus récente, pour s'intercommuniquer et diffuser leurs propres découvertes. De plus, pour rentabiliser leurs activités, les spécialistes doivent connaître les applications informatiques et les outils de gestion ou d'aide professionnel semi-automatiques qui sont en train de se développer.

La terminologie devient, dans cette voie, un axe de l'organisation d'une matière consultée et diffusée, qui est aussi à la base d'autres applications de soutien à l'activité professionnelle. Ainsi, la formation minimale en terminologie se rattache à la sélection d'unités terminologiques descriptives et accordées, pour améliorer l'accès à l'information, vers toutes les directions : la recherche et la diffusion de la connaissance spécialisée. Il s'agit d'une formation à certains éléments terminologiques, comparable à celle des documentalistes qui utilisent la terminologie pour construire des thesaurus. L'actualisation dans les usages terminologiques devient un autre des contenus de cette approche car, actuellement, la sélection et l'innovation de mots clé dans la diffusion de l'information par Internet est un élément essentiel pour garantir le succès de la divulgation.

c) La voie de la communication

La science, la technique et certains domaines tels que l'économie, la jurisprudence ou l'administration ont significativement augmenté leur côté communicatif. La société actuelle veut être informée, et cette volonté a provoqué un développement spectaculaire de la publicité et de la divulgation. Les besoins communicatifs des spécialistes dans l'actualité vont plus loin que la connaissance des langues ou des technologies de l'information : toute collectivité professionnelle doit pouvoir diffuser ses avances par un discours de vulgarisation.

Cette orientation exige quelques contenus, en particulier sur certains aspects comme l'expression orale et écrite, le dessin de documents, la rédaction de textes à finalités différentes (registres et types de textes), la gestion de l'information et le développement d'applications, où la terminologie et les ressources linguistiques ont une place essentielle. En fait, on peut dire qu'il s'agit de la voie stratégique la plus complète et autonome, surtout si on la compare à celles décrites antérieurement. Cette stratégie oblige à aborder la formation en terminologie de façon indirecte, grâce à des enseignements de rédaction technique qui les rendra capables de rédiger leurs articles.

 

7. Conclusion

En résumé, il est évident que tout organisme complexe, toute institution ou entreprise, a besoin de terminologie pour faire son travail. Cependant, il n'est pas si évident de se demander quel est le collectif qui va faire le travail terminologique le plus adéquatement, surtout si l'on prend les paramètres d'efficacité et de rentabilité en compte.

Pour l'instant, les entreprises ont une tendance claire à engager des traducteurs qui agissent en qualité de terminologues. Très souvent, ces traducteurs ont suivi des études spécifiques de traduction et ont reçu une formation complémentaire en terminologie. Mais ils peuvent aussi être des spécialistes de domaines technico-scientifiques qui se sont professionnalisés comme traducteurs sans avoir, au préalable, reçu de formation terminologique.

Si le désir de l'association des terminologues est que toute entreprise engage des terminologues pour faire les travaux terminologiques, il faudra démontrer que cette proposition est la plus efficace en matière de productivité et de qualité. Autrement, il faudra lutter pour que tout spécialiste embauché comme traducteur ait une formation particulière pour faire le travail terminologique de façon adéquate.

Dans les deux cas, il faut que la terminologie, conçue comme une activité, suive des critères de qualité et de rigueur, afin que la communication spécialisée et la terminologie en tant que discipline et pratique, soient réussies.

 

Références

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