L'accès à la terminologie
en ligne : qualité et information
G. Huard
Bureau de la traduction du Canada
Mesdames et Messieurs, bonjour!
C’est un plaisir pour moi que de prendre
la parole devant vous aujourd’hui à
l’occasion de ce Sommet de terminologie
qui, je l’espère, s’accompagnera
de nombreux lendemains. Je profite d’ailleurs
de cette occasion, comme l’a fait avant
moi M. Cerquiglini, pour vous inviter tous à
la tenue d’un prochain sommet à Ottawa !
Le thème dont on m’a demandé
de vous entretenir, ce matin, est celui de La
terminologie en ligne : qualité et information.
Comme on l’a vu au cours des deux derniers
jours, le foisonnement de données qui résulte
de l’Internet a créé partout
de nouvelles problématiques, dont celle
de la qualité des données. Alors
qu’autrefois (et peut-être encore
aujourd’hui dans certaines combinaisons
linguistiques, comme l’a indiqué
Mme Rosales) nous n’avions pas toujours
suffisamment de documentation, maintenant il nous
arrive souvent d’en avoir presque trop et
de ne pas toujours être en mesure d’en
établir la valeur.
Aujourd’hui, je ne traiterai pas des critères
de qualité d’une bonne fiche (d’ailleurs,
M. McCluskey nous en a déjà fourni
quelques-uns), ni des critères d’analyse
d’une source bibliographique, mais plutôt
du système global d’assurance qualité
que s’est donné le Bureau, ce qui
sera je l’espère un complément
intéressant à l’exposé
de M. Cox sur l’ISO.
Les organisateurs m’ont demandé
d’aborder le sujet non pas en terminologue,
mais en spécialiste. Or, je ne suis ni
l’un ni l’autre, et c’est donc
en tant que gestionnaire d’un service de
60 terminologues faisant eux-mêmes face
depuis longtemps à un foisonnement de données,
pas nécessairement en ligne, que je vous
ferai part des approches retenues par le Bureau.
Car à mon avis, la dynamique qui existe
au sein du Bureau de la traduction du Canada constitue
un microcosme de la situation dans laquelle se
trouvent les terminologues européens en
tant que collectivité.
Un peu d’histoire…
À l’analyse, on remarque qu’au
fil de son histoire, le Bureau de la traduction
du gouvernement canadien a dû sans cesse
composer avec une énorme masse d’informations
et que, dans ce contexte, il a toujours été
confronté au défi de la qualité.
En effet, dès 1934, année de la
création du Bureau, les traducteurs qui
lui étaient attachés et dont la
fonction était – tout comme aujourd’hui
– de servir l’ensemble des ministères
et organismes de l’appareil fédéral
canadien, ont senti le besoin de se doter d’un
mécanisme qui leur permettrait d’assurer
la qualité de leur travail, et leurs fiches
étaient toutes révisées avant
d’être versées dans le fichier
personnel de l’intéressé ou
encore mises à la disposition des collègues
via le fichier central du service.
Avec les années, le mécanisme
s’est enrichi, en ce sens qu’il s’est
accompagné d’autres démarches
destinées à assurer une meilleure
uniformisation terminologique : un comité
interne pouvait être créé
à cette fin ou encore un responsable, généralement
le traducteur le plus chevronné du domaine
d’expertise en cause, pouvait se voir confier
la tâche de valider les données recueillies,
voire d’élaborer un ou plusieurs
lexiques maison. Quoi qu’il en soit, il
ressort que dès les tout débuts
de son existence, le Bureau s’est préoccupé
de gérer au mieux toute la masse de données
qui lui parvenait de ses différents services.
En 1974, le Bureau de la traduction du gouvernement
canadien a reçu officiellement le mandat
de normaliser et de diffuser la terminologie dans
la fonction publique fédérale. Pour
marquer le pas et être ainsi mieux en mesure
de s’acquitter de sa nouvelle mission, il
se dotait d’une structure formelle, en l’occurrence
la Direction générale de la terminologie
et de la documentation, et élaborait une
stratégie d’aménagement linguistique
s’appuyant sur toute une gamme de produits
et services, dont une base de données linguistiques,
connue aujourd’hui sous le nom de TERMIUM®.
Par ce virage, le gouvernement du Canada attestait
de l’importance qu’il attachait à
l’uniformisation terminologique en tant
que gage de communications de qualité au
sein de l’administration publique fédérale
(et j’en profiterai pour apporter mon appui
au concept de politiques linguistiques nationales
proposé hier par notre collègue,
Björn Melander). Parallèlement, le
gouvernement donnait son envol à la profession
de terminologue telle qu’elle est exercée
actuellement dans notre organisation. Enfin, ce
nouveau contexte allait contribuer à redéfinir
les rapports que le Bureau entretient avec les
différents intervenants, dans son organisation
comme dans l’ensemble de la fonction publique
canadienne, au chapitre de la prestation de services
terminologiques et linguistiques qui tentent de
concilier à la fois information rapide
et qualité.
TERMIUM®
Comme je l’ai mentionné, le Bureau,
pour garantir la qualité terminologique
de ses traductions, s’est doté de
tout un éventail de produits et services
destinés à faciliter les choix des
traducteurs. Au nombre de ces derniers, nous retrouvons
la production de glossaires et de vocabulaires
(plus d’une centaine de titres à
ce jour dont certains sont accessibles en ligne),
la publication d’un périodique trimestriel
principalement destiné aux langagiers et
qui a pour nom L’Actualité terminologique,
l’existence d’un module de recherche
documentaire bilingue pour sites Web appelé
Querium, la création d’un
service d’information linguistique SVP et,
enfin, non le moindre, TERMIUM®, dont la valeur
et la pertinence sont désormais largement
reconnues partout au Canada.
TERMIUM® est né en 1976. Principalement
alimenté à l’origine par les
traducteurs de la cinquantaine de points de service
du Bureau, disséminés un peu partout
au Canada, il regroupe à ce jour quatre
outils en un, soit : un dictionnaire bilingue
où trouver l’équivalent français
ou anglais d’un terme technique ou d’une
appellation officielle; un dictionnaire unilingue,
qui permet de vérifier le sens d’un
terme ultraspécialisé n’apparaissant
dans aucun dictionnaire courant; un outil d’aide
à la rédaction regroupant une
gamme de produits en français et en anglais
dont des guides de rédaction, des ouvrages
de difficultés de la langue, un didacticiel
sur les principales conventions typographiques
françaises, et j’en passe; enfin,
un recueil de la terminologie de pointe,
en français comme en anglais, dans presque
tous les domaines du savoir. Bref, TERMIUM®,
c’est plus de trois millions de termes dans
les deux langues officielles du Canada; c’est
aussi depuis ces dernières années
quelque 115 000 entrées en espagnol –
volet en expansion constante – assorties
de leurs équivalents français et
anglais.
Outil de normalisation par excellence dans la
fonction publique fédérale canadienne,
l’actuelle version de TERMIUM®, en l’occurrence
TERMIUM® IV, comporte deux produits dérivés,
soit TERMIUM® sur CD?ROM et TERMIUM Plus®,
ce dernier étant offert gratuitement à
tous les fonctionnaires fédéraux
canadiens à partir de l’extranet
du Bureau de la traduction – il est à
noter que le simple citoyen, langagier ou non,
peut également avoir accès à
TERMIUM Plus® pour autant qu’il s’y
abonne via Internet. Toutefois, il importe de
savoir que ces dérivés permettent
uniquement l’interrogation d’un contenu
statique tiré de TERMIUM®. Néanmoins,
cet accès en mode consultatif se révèle
fort précieux, particulièrement
dans un contexte où le foisonnement de
l’information règne en maître
et où la recherche de la qualité
s’apparente parfois à la quête
du Graal.
Malheureusement, les limites de TERMIUM®
IV (par exemple l’absence de possibilités
graphiques) ne permettent pas toujours de répondre
pleinement et rapidement aux besoins pointus des
différents groupes d’utilisateurs
que sont les terminologues, les traducteurs et
les clients. Fait à noter, TERMIUM®
en ligne est essentiellement utilisé par
les terminologues de concert avec le poste de
travail dit L’Atelier du TERminologue
(Latter). Si Latter permet de créer des
fiches terminologiques, d’en gérer
simultanément différents jeux et
d’apporter des changements globaux à
ces mêmes jeux, il reste que des améliorations
sensibles s’imposent pour faciliter le lien
entre cet outil et TERMIUM®.
Termicom
Le développement de TERMIUM® s’est
accompagné au fil du temps de l’élaboration
d’autres applications, qui se révèlent
toujours d’une importance capitale pour
l’imposante masse des traducteurs du Bureau,
voire pour certains clients. Parmi ces applications,
nous retrouvons Termicom, un produit maison créé
en 1995. Ce dernier est né de la nécessité
pour ses principaux utilisateurs de disposer d’un
outil convivial capable de les aider à
satisfaire des besoins terminologiques de nature
ponctuelle. En effet, si, originellement, les
fichiers des points de service de traduction du
Bureau ont contribué essentiellement à
alimenter TERMIUM®, il demeure que l’emmagasinement
de leur contenu – sous format papier, à
l’époque – pouvait prendre
jusqu’à deux ans en raison du traitement
qu’il requérait de la part des terminologues.
Cette situation avait pour effet de freiner sensiblement
la dissémination à l’échelle
du Bureau d’une terminologie à jour
et d’accès rapide, surtout avec l’émergence
d’Internet. Par conséquent, une solution
novatrice s’imposait.
Termicom est en quelque sorte une base de données
locale, installée dans chaque point de
service du Bureau. Son principal avantage réside
de loin dans le fait qu’il permet aux traducteurs
d’avoir à portée de main un
outil de gestion terminologique adapté
à leur contexte de travail. Les modalités
qui en régissent l’exploitation s’inscrivent
dans une volonté d’arrimer qualité
et prestation de service au quotidien, le plus
souvent dans des conditions pressantes compte
tenu du flot d’informations à traiter
tous les jours. Ces modalités se résument
à ceci : nomination dans chaque point de
service d’un responsable Termicom, généralement
un professionnel chevronné, dont le rôle
est d’attester la valeur des fiches produites;
création à l’échelle
du Bureau d’un réseau des responsables
Termicom; mise en place d’une fiche normalisée
mais hautement simplifiée – quatre
champs obligatoires seulement – afin de
satisfaire à l’urgence du quotidien;
enfin, alimentation hebdomadaire de la banque.
L’émergence des technologies nouvelles,
ces dernières années, a permis la
création d’une mégabase Termicom
à laquelle sont rattachés l’ensemble
des services de traduction du Bureau. Cette mégabase,
qui réside sur le serveur de l’organisation
et dont la mise à jour se fait aux deux
semaines environ, accélère la diffusion
d’une terminologie actualisée, caractéristique
non négligeable en cette époque
des communications éclair. Son plus grand
inconvénient, toutefois, tient dans ses
nombreux dédoublements, qui appellent une
rationalisation, voire une normalisation, pressante.
Par ailleurs, il faut savoir qu’à
l’heure actuelle, les clients du Bureau
de la traduction sont à la recherche d’outils
analogues à ceux dont disposent les traducteurs
et qui pourraient les aider à mieux gérer
leur terminologie interne. Certains d’entre
eux exploitent déjà une version
de Termicom en vertu d’ententes passées
avec le Bureau. À ce phénomène
vient s’ajouter la grande disponibilité
sur le marché de logiciels de gestion de
données peu coûteux qui amènent
un nombre grandissant de ministères et
organismes de l’État à se
doter de bases de données personnalisées.
Cette prolifération de banques terminologiques,
doublée des défis que représentent,
à elles seules, les bases en existence
au Bureau, contribue à complexifier le
mandat de normalisation dans la fonction publique
fédérale canadienne dont le Bureau
est investi.
TERMIUM®, génération
cinq
Comme nous venons de le voir, le Bureau de
la traduction peut s’enorgueillir du formidable
outil qu’est TERMIUM®, ainsi que de
sa panoplie de produits et services, dont le but
est d’aider au maintien de la qualité
dans les communications. Néanmoins, il
se doit d’innover pour demeurer à
l’avant-garde du progrès, pour répondre
aux attentes des utilisateurs comme des clients
et, enfin, pour pouvoir remplir au mieux le mandat
qui lui a été confié. Il
ressort que les technologies nouvelles, la masse
de ressources qu’Internet met à la
disposition des traducteurs, le foisonnement des
outils de gestion terminologique et linguistique
et l’émergence d’une clientèle
plus avertie et, par là, toujours plus
exigeante, obligent à une révision
continuelle des approches et de la technologie
en place. En outre, l’implantation imminente
du cybergouvernement découle du programme
Gouvernement en direct, placé sous
la bannière de l’initiative-cadre
Un Canada branché. Cette initiative
prévoit, d’ici 2005, l’accès
en ligne par tous les citoyens et dans les deux
langues officielles du pays, soit le français
et l’anglais, à tous les programmes
et services fédéraux. Cette mise
en place prochaine du cybergouvernement contribue
à renforcer l’urgence de mettre au
point un outil de choix qui aidera les différents
intervenants au sein de l’appareil fédéral
à parler d’une seule voix à
la population canadienne et à lui fournir
le service rapide, efficace et de qualité
auquel elle est en droit de s’attendre.
Comme d’aucuns le devinent, cet outil
de prédilection qui se dessine pour le
gouvernement canadien est la cinquième
génération de TERMIUM®. Fort
de l’expérience et de l’expertise
acquises avec le développement des versions
précédentes, le Bureau de la traduction
a choisi de miser sur une formule gagnante dont
la valeur et la qualité ne sont plus à
démontrer. Par conséquent, TERMIUM®
V sera notamment ce qui suit :
un portail unique de consultation et de gestion
des fonds terminologiques du Bureau, voire d’autres
entités au sein de l’appareil fédéral
canadien ou d’ailleurs (un même
outil, mais des fonds qui resteront indépendants
– notion de “ tiroir virtuel ”);
une application centrale fondée sur le
Web, accessible à partir du poste de
travail de chaque utilisateur, permettant la
gestion en temps réel des données
terminologiques d’un bout à l’autre
du pays et offrant toutes les fonctions qui
se retrouvent déjà sur TERMIUM®
IV, Termicom et Latter confondus;
un système intégré capable
non seulement de fusionner les applications
existantes au Bureau de la traduction mais aussi
d’interagir avec les nouvelles applications
technolinguistiques comme les systèmes
d’analyse contextuels et les logiciels
de mémoire de traduction;
un système intégrant le jeu de
caractères UNICODE afin de faciliter
la prise en charge des caractères des
langues non occidentales (au Canada, le chinois
est aujourd’hui la deuxième langue
en importance après l’anglais dans
l’ouest du pays);
un outil de normalisation accrue et à
la fine pointe de la technologie, permettant
l’uniformisation des terminologies maison
des différents clients et collaborateurs
du Bureau ainsi que des échanges réciproques
entre les uns et les autres.
Bref, TERMIUM® V offrira, entre autres,
l’avantage d’être un outil unique,
rapide, fiable et convivial pour interroger et
alimenter tous les fonds terminologiques du Bureau.
Parallèlement, il contribuera à
la création d’une “ passerelle
” avec les clients pour les aider à
gérer leur terminologie interne et pour
faciliter le travail de normalisation nécessaire
au sein du gouvernement canadien. En effet, non
seulement les langagiers du Bureau auront un meilleur
accès à la terminologie des clients
mais ceux-ci se verront également accorder,
à des fins de gestion terminologique, des
privilèges d’accès à
certains segments de la base de données
TERMIUM® grâce à la mise en place
de “ tiroirs virtuels ”.
TERMIUM® V et la notion
de “ tiroir virtuel ”
Au fait, me direz-vous, mais qu’entend-on
par “ tiroir virtuel ”? Eh bien, il
s’agit d’un concept novateur qui correspond
en quelque sorte à une subdivision virtuelle
dans une base de données, dont la taille
peut être variable suivant les besoins à
combler et dont le contenu appartient à
un collaborateur du Bureau, qu’il soit interne
ou externe.
Tous les collaborateurs internes, en l’occurrence
la soixantaine de terminologues et les quelque
1300 traducteurs du Bureau de la traduction disséminés
dans la cinquantaine de points de service partout
au pays, auront accès en tout temps à
l’ensemble des tiroirs de TERMIUM® selon
des modalités qu’il reste à
définir et compte tenu du rôle qu’ils
seront appelés à jouer (accès
en mode lecture ou en mode de gestion et d’échange
de données, partage d’un “
tiroir ” entre plusieurs collaborateurs,
etc.). Par ailleurs, les collaborateurs externes,
c’est-à-dire essentiellement les
clients du Bureau de la traduction qui appartiennent
à la fonction publique canadienne, n’auront
accès qu’au fonds normalisé
et à leurs propres “ tiroirs ”,
qu’ils pourront gérer comme bon leur
semble et ce, sous réserve d’ententes
à négocier avec le Bureau; en contrepartie,
ce dernier pourra y puiser les données
nécessaires à ses besoins. Il va
sans dire que les collaborateurs internes comme
externes continueront de pouvoir bénéficier
de TERMIUM® en ligne et de ses produits dérivés
que sont TERMIUM® sur CD-ROM et TERMIUM Plus®,
conformément aux règles en vigueur.
TERMIUM® V, enjeux et
défis
Comme nous avons pu le voir, le développement
de la cinquième génération
de TERMIUM® s’accompagnera de multiples
bouleversements aux effets le plus souvent positifs
et stimulants.
Ainsi, sur le plan technique et technologique,
la mise en place de fonctionnalités nouvelles
dans un contexte d’intégration globale
apportera sans contredit au système et
aux usagers qui l’exploitent une souplesse
et des gains de productivité et d’efficience
accrus. Parallèlement, elle nécessitera
des formations et des apprentissages complémentaires,
principalement dans le cas du terminologue dont
le savoir-faire en gestion et en uniformisation
terminologiques est déjà largement
connu et reconnu. La prestation de services d’expertise-conseil
auprès des ministères clients sera
sans doute fortement privilégiée
en raison de la qualité des résultats
qu’elle présupposera. Le Précis
de terminologie, que plusieurs d’entre
vous connaissent déjà, viendra s’ajouter
à l’éventail des outils élaborés
par le Bureau en vue d’aider les collaborateurs
désireux de mieux structurer leur démarche
terminologique. Cet ouvrage précieux peut
être consulté en ligne gratuitement;
rédigé en français, il comporte
déjà deux nouvelles versions, l’une
en anglais et l’autre en espagnol; une version
en portugais est sur le point de paraître.
Au niveau de la gestion des contenus et de
leur mise à disposition auprès d’utilisateurs
variés, il faudra étudier les
moyens de concilier les besoins du terminologue,
dont le mandat est de gérer et de normaliser
des fonds suivant des critères rigoureux,
avec les nécessités plus immédiates
du traducteur et du client, qui s’appuient
sur l’existence de données minimales
permettant de répondre à des exigences
ponctuelles et à court terme.
Enfin, au chapitre des compétences
et des façons de faire, une révision
des approches en place s’imposera de toute
évidence afin de tenir compte de l’évolution
en cours. En effet, l’instauration d’une
base centrale intégrée amènera
le terminologue à interagir beaucoup plus
étroitement avec ses vis?à-vis,
qu’ils soient collaborateurs internes ou
externes. Aussi, dans le cas des collaborateurs
externes principalement, il lui faudra forger
de nouveaux partenariats mutuellement profitables
s’il veut maximiser les avantages liés
à l’avènement de TERMIUM®
V. Certes, il existe déjà des tribunes
d’échanges et d’information,
tel le Conseil fédéral de terminologie,
qui réunit des représentants du
Bureau de la traduction et de quelques instances
ministérielles, mais la formule méritera
d’être renforcée et élargie,
entre autres, à d’autres paliers
de gouvernement comme les provinces et les territoires.
L’implantation des “ tiroirs virtuels
” suscite déjà un intérêt
grandissant, à tout le moins parmi la communauté
fédérale canadienne, ne serait-ce
qu’en fonction des immenses possibilités
qu’elle représente, dont une mise
à disposition d’une infrastructure
gratuite (en l’occurrence le serveur du
Bureau de la traduction) en échange, comme
nous l’avons déjà mentionné,
d’un accès potentiel de ce dernier
aux fiches du client, qui pourra ainsi détenir
et gérer à moindres frais un fonds
terminologique personnalisé.
Néanmoins, qui dit rapprochement avec
d’autres intervenants et création
éventuelle de banques de données
terminologiques maison dit nécessairement
concertation et remise en cause potentielle des
façons de faire existantes.
Parallèlement à tout ceci, le
Bureau a lancé un programme d’assurance
de la qualité, activité qu’il
juge indispensable dans une organisation qui a
pour mandat de normaliser et de diffuser la terminologie
dans la fonction publique fédérale
canadienne. Ce programme repose avant tout, pour
la forme, sur le respect des règles de
rédaction arrêtées dans le
Guide TERMIUM®, et, pour le
contenu, sur la consultation des responsables
de domaines et sur un travail d’équipe
dynamique où la participation de tous les
intervenants s’impose à toutes les
étapes du processus. L’assurance
de la qualité est plus qu’un outil
de contrôle; elle est un précieux
instrument de gestion et de développement
car elle permet :
de déterminer le degré d’autonomie
des rédacteurs de fiches et la qualité
du travail fait à la saisie;
de valider la qualité de la révision,
le cas échéant;
de cerner les erreurs les plus fréquentes
et de définir la formation qui s’impose
par rapport aux lacunes constatées;
et enfin, de développer l’expertise-conseil
dont pourront bénéficier les collaborateurs
du Bureau qui se prévaudront des tiroirs
de TERMIUM®.
L’avènement de TERMIUM® V et
des tiroirs relancera sans conteste toute la problématique
qui entoure la qualité : qualité
des informations à consigner, qualité
des bases de données terminologiques à
mettre en place, qualité des processus
de gestion de contenus et d’uniformisation
à instaurer, et le reste. Conscient qu’il
n’existe pas de règles immuables
en ce domaine comme dans bien d’autres,
le Bureau de la traduction s’interroge néanmoins
sur le défi qui se présente : l’adaptation
à un nouveau contexte commandera-t-elle
des compromis? Si oui, dans quelle mesure? Des
questions qui, pour l’heure, demeurent sans
réponse. Chose certaine, l’outil
qu’est TERMIUM® doit être préservé
dans ce qu’il a de plus fondamental, à
savoir sa qualité.
Conclusion
Au vu de ce que je vous ai présenté
aujourd’hui, je tendrais à conclure
de la manière suivante. La gestion d’une
profusion d’informations et la recherche
de la qualité ont toujours marqué
l’activité langagière du Bureau
de la traduction, peu importe le contexte. Néanmoins,
le Bureau est actuellement à la croisée
des chemins. Jusqu’ici l’implantation
grandissante de ses produits et de ses services
dans la fonction publique canadienne a permis
aux fonctionnaires fédéraux, dont
les langagiers, d’avoir davantage accès
à des outils fiables proposant une terminologie
commune, ce qui, en retour, a contribué
à un haut degré de normalisation
ainsi qu’à la qualité et à
l’efficacité accrues des communications
dans les deux langues officielles du pays.
L’arrivée imminente de Gouvernement
en direct, ce cybergouvernement qui obligera
les 130 ministères et organismes fédéraux
à parler aux Canadiens d’une seule
voix, offre au Bureau de la traduction une occasion
sans précédent de s’acquitter
pleinement de son mandat en matière d’uniformisation
et de diffusion de la terminologie. La mise en
place de TERMIUM® V autorisera la cohabitation,
sous un seul et même portail, de terminologies
variées, l’une normalisée
dans les règles de l’art, l’autre
pas, et appellera le relèvement de nouveaux
défis dont le plus imposant sera à
coup sûr celui de la qualité, plus
précisément encore celui de “
La QUALITÉ en toutes LETTRES ”, qui
est l’image de marque du Bureau de la traduction
du Canada!
Mesdames et Messieurs, je vous remercie.
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