La typologie des langues est étroitement
liée à la linguistique comparée
et historique, dont elle s’est détachée
avec l’augmentation du nombre de langues
à comparer. Comme il est techniquement
impossible, pour le moment, de comparer toutes
les langues en même temps et sous tous les
rapports, le choix de celles-ci s’effectue
selon un critère bien précis. Dans
la linguistique comparée et historique,
il s’agit de la succession des langues dans
l’histoire, liée à celle des
générations. Dans la typologie des
langues on prend en compte la diversité
du système de langue indépendamment
de l’histoire ethnique des peuples. Les
langues comme objet d’étude typologique
sont choisies d’après les critères
suivants :
1. L’existence de traits qui distinguent
la langue choisie des autres ou la capacité
de celle-là à servir d’exemple
pour expliquer le système de fonctionnement
d’un certain nombre de langues.
2. Le fait qu’une langue soit bien connue,
c’est-à-dire qu’elle soit
parlée par de nombreux linguistes et
qu’elle dispose de descriptions fiables.
3. La place importante qu’elle occupe
dans sa famille linguistique.
Le choix des unités de la description
typologique est lié aux moyens d’expression
du sens linguistique. On prend en considération
les moyens d’expression du sens grammatical
suivants :
l’ordre des mots, les mots outils, la
flexion intérieure, la réduplication,
le déplacement de l’accent dans
un mot, le ton, le rythme et l’intonation
dans une phrase ;
les parties du discours suivantes :
le sujet, le prédicat, l’attribut,
le complément, le complément circonstanciel,
les mots d’introduction et les groupes
de mots qui leur correspondent ;
les classes de sons suivantes :
les voyelles, les consonnes et les semi-voyelles
;
les types d’unités lexicales tels
que :
les synonymes, les homonymes, les archaïsmes,
les néologismes, les phraséologismes
etc. Ces unités donnent l’image
de l’expression du sens linguistique à
des niveaux et sous des aspects différents.
L’analyse typologique des langues est
généralisée sous la forme
d’une classification de ces dernières.
Les langues sont classées en niveaux sémantique,
syntaxique et phraséologique.
La typologie moderne présuppose qu’à
la base de la divergence des langues se trouvent
les particularités de l’activité
de la parole et de son style. L’impact d’un
texte ne se limite pas à la formation de
la phrase mais il joue également sur le
rythme de la parole, sur les traits particuliers
de la phonation des mots ainsi que sur les formes
de dérivation et les contacts culturels
entre les langues.
L’évolution de la langue se manifeste
nettement dans la transformation progressive du
lexique professionnel en lexique terminologique.
Cette évolution touche son organisation
structurelle notamment le vocabulaire, la dérivation,
la syntaxe, le système des procédés
stylistiques, les styles fonctionnels. Le problème
du perfectionnement de la langue est l’un
des plus complexes. On l’associe le plus
souvent à l’apparition de mots nouveaux
et de leurs différents sens. Cependant,
le perfectionnement du lexique et l’augmentation
du nombre de mots sont « des problèmes
très différents, quoique interactifs.
Les aspects qualitatifs du vocabulaire sont plus
importants que ses caractéristiques purement
quantitatives » (1)
L’influence de la société
sur la langue se manifeste le plus nettement dans
le changement du vocabulaire. Les changements
de ce type ont toujours lieu du fait du développement
de la société et de l’interférence
linguistique. Cependant, actuellement leur rythme
s’accélère.
Dans la terminologie scientifique et technique,
la création massive de termes nouveaux,
la rénovation et le glissement des termes
déjà existants sont tels qu’ils
permettent de parler de « boom terminologique
» par analogie avec celui de l’information
dans la société contemporaine.
Les exigences de l’échange d’information
au niveau international ainsi que celles de son
automatisation rendent la question très
actuelle.
Le développement de la terminologie dans
les différentes langues nationales crée
des difficultés supplémentaires.
Les problèmes terminologiques que le processus
intensif de création de nouveaux concepts
engendrent, ont envahi le domaine de la gestion
et de la production desservi par la langue des
affaires. Avec le développement de la production,
l’introduction de nouvelles technologies,
l’incessante mise sur le marché de
nouveaux articles, le processus de la création
de nouvelles notions embrasse une couche bien
plus importante d’unités lexico-syntaxiques
que celle que développe la terminologie
scientifique et technique. Ce lexique spécialisé
n’a pratiquement pas attiré l’attention
des linguistes, il est resté confiné
au domaine de la gestion et de la production.
Pourtant, les problèmes de l’établissement
des normes de l’unification et de la standardisation
du lexique spécialisé s’y
manifestent de façon bien plus aiguë
que dans les domaines scientifiques et techniques.
Vu l’internationalisation croissante des
sciences et des techniques, l’utilisation
de la terminologie internationale augmente. D’habitude,
le sens d’un lexème est l’aboutissement
de processus nationaux, culturels et historiques
aussi bien que du développement de l’action
des lois internes du lexique en tant que système
de la langue nationale. C’est précisément
pour cette raison que l’on préfère
utiliser un mot étranger puisqu’il
représente un symbole pur par rapport au
mot de la langue maternelle. Cependant, la terminologie
se crée sur la base de la langue nationale.
La spécificité se manifeste, inévitablement,
dans l’expression aussi bien que dans la
structure dérivationnelle et dans les caractéristiques
combinatoires et grammaticales.
L’existence de traits communs dans la sémantique
des terminologies de langues comparables ne prouve
pas que leurs systèmes sémantiques
sont identiques. Lorsqu’elle emprunte une
unité terminologique, la langue la marque
de son empreinte sémantique. Voyons concrètement
l’originalité nationale des termes
internationaux à partir de l’exemple
de l’analyse synchronique et comparée
des structures sémantiques des unités
terminologiques. Les unités terminologiques
des langues différentes qui sont semblables
extérieurement sont appelées
« homonymies terminologiques ».
Les homonymies terminologiques peuvent être
complètes, incomplètes et fausses.
Nous ne prenons ici en considération que
les premières, puisque les deux autres
pourraient faire l’objet d’une étude
à part.
On appelle « homonymies terminologiques
complètes » les unités
terminologiques semblables aux structures sémantiques
qui coïncident complètement.
Donc, la différence de sens des lexèmes
homonymiques dans les langues différentes
représente un processus naturel et inévitable.
Chaque unité aussi bien lexicale que terminologique
a sa propre évolution dans la langue de
départ comme dans la langue d’arrivée.
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