Les écoles
Le parcours chronologique est banal, mais fondamental ; il faut
le reconnaître une première fois, pour se donner ensuite
le plaisir d'autres parcours de découverte. Le parcours des
écoles est encore une façon d'apprécier la
richesse et la diversité de la peinture du Siècle
d'Or.
L'exemple de l'école sévillane
L'école sévillane est assez bien représentée
pour qu'on s'interroge sur sa cohérence. Sans doute, reproduit-elle,
de Pacheco à Valdes Leal, une évolution générale.
Scrupuleux gardien de la conformité des tableaux aux enseignements
doctrinaux et moraux de l'Eglise, Pacheco, dans son atelier, a présidé
aux débuts de Velazquez et de Cano.
Pacheco et Velazquez
Mais si le Saint-Thomas de Velazquez et le Saint-Jean à
Patmos de Barcelone qu'on hésite à attribuer définitivement,
peuvent être légitimement rapprochés et ont
été peints l'un et l'autre dans sa sphère d'influence,
ils révèlent des personnalités qui mûrissent
en pleine liberté ; une carrière commence qui aboutit
à l'Infante Marguerite du peinture favori de Philippe IV.
Pacheco et Cano
Quant à Alonso Cano, l'autre produit glorieux de l'atelier
de Pacheco, ses uvres ici présentes de la décennie
des années cinquante sont imprégnées d'une
audace de composition et d'un souffle poétique qui paraissent
les termes d'un étonnant épanouissement.
Murillo
Du ténébrisme de sa Madeleine au lyrisme à
la Van Dyck de sa Conversion de Saint-Paul en passant par le miracle
au quotidien de la Vision de San Diego de Alcalá, Murillo
suit un itinéraire d'une complexité fascinante.
Valdès Leal et Zurbaran
On pourrait de même s'attarder dans la confrontation des
Hiéronymites de Valdès Leal et des Saintes de Zurbaran
: monumentalité à dominante noir et blanc chez le
premier qui aboutirait à une quasi-dissolution des formes,
dans le registre des expressions un peu outrées (La montée
au Calvaire) ; monumentalité austère, mais drapée
de couleurs raffinées chez le deuxième, qui serait
peut-être parti d'anecdotes au charme sentimental (L'Enfant
Jesus à la couronne d'épines).
Ni à Séville ni à Valence, ni même à
Cordoue et à Grenade, l'Espagne du Siècle d'Or ne
s'enfermerait dans un provincialisme étriqué ou routinier
; elle est au contraire traversée d'un souffle créateur
qui la fait échapper aux formules toutes faites.