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Étatisation

 

Dans cette ambiance chaotique, les foules fascinées par le mirage de l’or s’organisent spontanément en des sortes de vastes campements, des « arraiais », dont l’anarchie n’est tempérée que par la violence de la loi du plus fort. Pendant cette phase d’installation désordonnée, qui dure environ vingt-cinq ans, les autorités prennent une série de mesures pour reprendre la situation en mains et structurer cet espace qui vient de s’ouvrir à une nouvelle forme de colonisation.

En dehors de l’obligation faite aux chercheurs d’or d’apporter leur butin aux fonderies contrôlées par l’administration qui prélève le « quinto », assurant ainsi des ressources considérables au Trésor royal, trois séries de dispositions déterminantes sont prises presque simultanément.

D’abord, l’établissement d’une administration locale, plus efficace que les autorités de la très lointaine capitale, Bahia : en 1709, on crée une « capitainerie de São Paulo et des mines d’or », qui devient en 1720 une capitainerie des « Mines générales », préfiguration de l’état actuel du « Minas Gerais » dans la République fédérale du Brésil.

En même temps, le gouvernement portugais crée un premier réseau de villes, élément essentiel du développement d’une véritable société. En 1711, sont fondées les municipalités de Mariana, Sabara et Ouro Preto et en 1713 celle de São João del Rei ; Ouro Preto, appelée officiellement « Vila Rica de Ouro Preto », devenant le siège de la capitainerie.

L’organisation religieuse, quant à elle, se fait sur la base d’une innovation capitale : elle repose exclusivement sur les paroisses et les confréries : des documents royaux de 1711-1715 et 1721 imposent en effet aux ordres une stricte interdiction de s’établir dans la capitainerie de Minas Gerais. Le clergé séculier est soumis, à partir de 1734, à l’autorité d’un évêque, dont le siège est fixé à Mariana.

Tel est le cadre institutionnel dans lequel commence l’histoire d’Ouro Preto, placée pendant un demi-siècle sous le signe des richesses apportées par l’exploitation de l’or. Dès 1770, l’administration constate la décadence économique de la région : le règne de l’or touche à sa fin. Mais le phénomène urbain conserve sa dynamique propre.