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Il y a dans cet art baroque une part d’éphémère
que nous avons du mal à imaginer, mais qui a pu être très
brillante, comme ce cortège du « Triomphe eucharistique »
de 1733, qui a heureusement fait l’objet d’un récit
imprimé l’année suivante à Lisbonne. Le transfert
du Saint Sacrement de la chapelle
du Rosaire à la nouvelle église paroissiale du Pilar
est précédé de six jours d’illuminations, de
danses et de spectacles ; le cortège lui-même, qui défile
le 24 mai 1734, était constitué de multiples chars, avec
des personnages somptueusement vêtus, représentant des héros
romains, des éléments naturels, des figures du système
planétaire, des étoiles, des images de confréries.
Après la réception du Saint Sacrement dans la nouvelle paroisse,
il y eut encore trois jours de feux d’artifice, de cavalcades et
de comédies. Par son luxe, ses lumières et ses couleurs,
ce spectacle qui a engagé la population entière, toutes
classes et toutes races confondues, est une des grandes manifestations
de l’art baroque, mais il est aussi un témoignage de la culture
de cette société : il met en scène des connaissances,
non seulement théologiques, mais aussi historiques et mythologiques,
à travers un langage allégorique hérité de
la tradition de la Renaissance. La description qui en a été
heureusement publiée, nous donne une idée de la vie rutilante,
bruyante et fervente qui, au cours du XVIIIe siècle,
animait le décor monumental qui s’édifiait au même
moment et qui, aujourd’hui encore, se déploie, intact, sous
nos yeux.
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